« Un jour, je me suis rendu compte que quand on n’est pas courageux, les autres qualités n’ont aucune importance, parce qu’on ne fera pas le nécessaire pour qu’elles s’expriment. Quel intérêt de pouvoir déceler la vérité si on a trop les foies pour agir en fonction de ce que l’on voit ? J’ai fini par réduire l’ensemble des qualités humaines à une seule : le courage. » – Philip K.Dick –

Je ne referai pas ici le couplet de la douleur liée aux embûches et la difficulté que nous rencontrons pour atteindre nos objectifs. Comme le savait Saint Augustin, l’état normal du monde, c’est la guerre. Effectivement, la paix est un accident au sens de « l’événement ». C’est-à-dire le contraire du hasard. Il faut juste avoir le courage de traverser pour pouvoir dépasser. C’est une logique catholique. C’est donc forcément une logique de sniper. Mathématiquement implacable. C’est seulement lorsqu’il y a eu impact que l’on sait que la balle a été tirée.

Et bien voilà, nous y sommes. Après plus d’un an de recherche de financement, de difficultés et autres complications plus ou moins mineures. Ce qui sera mon testament au format court est sur le point de s’incarner. Les objectifs de départ ont été remplis avec succès. Pas une miette d’ambition n’a été abandonnée. Je dirais même qu’elle a été ascendante au cours de l’évolution du projet. Bien entendu, j’ai une pensée pour toutes les personnes qui ont fait en sorte que ce court-métrage se produise. Je pense aux techniciens, aux comédiens et à toutes les personnes qui ont pris part au projet mais aussi à nos partenaires outre atlantique sans qui le film aurait été infaisable. Je me souviens de cette croix géante chrétienne dressée sur la colline du Mont-Royal (Canada, Montréal). Elle se trouvait juste en face de la fenêtre de ma chambre d’hôtel. La nuit, elle rayonnait de sa robe électrique et je ne pouvais cesser de penser qu’un tel symbole était éternellement supérieur à une tour Eiffel stérile. La nation a les symboles qu’elle mérite et je savais que le Canada serait un principe actif essentiel à la création du film.

Où est la France sur ce qui à ma connaissance – disons le sans courber l’échine – est l’un des plus ambitieux court-métrage indépendant au monde ? Elle est présente bien entendu par le sang, l’âme et le talent des hommes qui ont accepté de prendre part au projet. Mais au niveau institutionnel ? C’est encore une fois une tout autre affaire. Qu’importe nous n’avons pas besoin d’elle. Qu’elle admette qu’elle n’est plus le centre du monde culturel. Elle n’est même plus l’image du centre de son nombril.

Alors voici ON/OFF. Pulsation électrique qui veut se faire extase. Les statoréacteurs sont en marche. Le regard bleu cobalt, je me prépare psychologiquement à rentrer au centre du théâtre des opérations. Une guerre éclair dont la mission est de capturer le réel. Un réel à sa source. Pure et brillant comme le cœur d’un cristal. La caméra comme fusil de sniper à la lunette ultra technologique capable de saisir l’instant à la limite du spectre visible. Il faut grossir les choses pour pouvoir en faire la somme et ainsi constater le réel. C’est cela faire du cinéma. Je suis comme un soldat débarquant sur les plages du D-Day. Il est dit qu’après cela, il ne restera que le fantôme d’un enfant de 12 ans qui avait choisi d’en faire son métier.

Je fais mon job.

T.L
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