Je crois sincèrement qu’un homme connaît sa plus grande gloire, l’aboutissement de tout ce vers quoi il tend, lorsqu’au terme d’un long et juste combat, il repose épuisé sur le champ de bataille, victorieux. – Vince Lombardi –

Rien ne pourrait mieux décrire ces trois années qui ont suivi mes deux courts métrages étudiants. 3 années de galères… de doutes, d’échecs, de frustration mais surtout de pression. Une pression infligée à chaque instant. Chaque microseconde sur trois ans était un coup de massue porté contre moi même comme pour me convaincre que pour réussir il faut souffrir. Comme pour me convaincre que le talent se provoque dans la douleur. Comme pour me convaincre que j’étais l’antithèse du « parvenu fils a papa » dont ce métier regorge. Moi,  parmi tant d’autre, qui venons d’un lieu loin du cinéma.

 Le 13, 14 et 15 octobre dernier a donc eu lieu le tournage du court-métrage BABY BOOM. Mon premier court-métrage professionnel tourné en 35mm  format 2.35, avec une équipe de techniciens et d’acteurs professionnels autour d’un western de science fiction mettant en scène un shérif, un prêtre, un mercenaire et un androïde femelle en passe de réduire l’humanité par sa capacité de reproduction. (paradoxe quand tu nous tiens !)

 Je ne crois pas au hasard. Tant d’années d’accouchements ratés. Il fallait que ce soit un film énervé sur la « naissance » et la « mort » qui s’atomise dans mon cerveau. Comme si c’était la réponse involontaire et non guidée de l’usure de mon psychique dérangé.

 25 personnes étaient présentes sur le champ de bataille et on peut dire sans hésiter que l’infanterie était en sous effectif. Lorsque que l’on a autour de soi les meilleurs soldats, on a le devoir de s’exposer en première ligne. La prise de risque est énorme et il faut préserver ses troupes. Même si dans certaines guerres on peut rarement faire de concessions. Cette guerre éclair a été livrée contre le réel. Un réel en premier lieu malmené par l’incroyable capacité du directeur de la photographie Thierry Pouget (qui a signé la lumière de la future bombe de science fiction Eden Log qui sort le 26 décembre prochain dans les salles de cinéma) à se distancer de la réalité, à créer une lumière atmosphérique mélangeant le western surréaliste italien et la science fiction. Un dosage dont seuls les génies ont le secret. Doué d’une âme humaine magnifique… C’est définitivement un grand monsieur. Merci Thierry !

Impossible d’évoquer le tournage sans dire un mot sur les Machinistes et Electriciens. Des mecs (et une fille !) au dévouement sans pareil. A la fois « Spiderman » (il faut parfois faire preuve d’agilité)  et « Hulk » (il faut aussi avoir des bras) tous se sont donnés corps et âmes. Il fallait les voir pousser le magnum, sorte de PANZER (tank allemand de la seconde guerre mondiale) du cinéma. Merci donc à François Comparot (Chef Machiniste) , Damien Duwez (Chef Electricien) , Laurent Lemonier (Machino/Electro et conducteur du camion Paris-Corse… spécial merci) , Justine (Electro) , Frédéric Gibert (Electro) ainsi qu’Olivier Le Gurun (1er assistant cadre) et Manu (stagiaire caméra).

Je ne peux parler de cette bataille sans évoquer le travail magnifique de la chef déco Isabelle Stefani et de son compagnon sur vitaminé Aurélien. Là où un chef décorateur professionnel demanderait 15 personnes pour l’épauler, ils ont tout fait de A à Z à seulement 4 bras. Il fallait la voir, toute mimi qu’elle est, transporter des caisses qui faisaient deux fois sa taille en largeur. C’était hallucinant de voir un dévouement se faisant constamment avec le sourire.

Et Aurélien… là encore un sens du dévouement indéfectible. Partout à la fois… sans aucun doute l’un des moteurs de cette guerre. Chapeau les artistes.

Un mot aussi sur mon AMI producteur qui me suit depuis les débuts. Julien Renaud, un mec sans qui je n’aurai jamais pu éclore. Là encore un dévouement dont je n’assume parfois pas le caractère. Qui suis je pour qu’il me fasse autant confiance ? Je sais qu’il a souffert autant que moi durant ces 3 années de frustration. Mais aujourd’hui je peux lui dire fièrement qu’on est ressortis vainqueurs de cette bataille. Et au fond c’est un peu lui le grand vainqueur. Quel courage ! Quelle détermination et puis… quel talent en communication ! Mais ce n’est pas un talent. Il est comme ça. C’est Mr Nice Guy.

David Scherer… David Scherer. Un grand psychopathe, mais tellement sympathique. En fait, il n’est pas psychopathe. Il est tout simplement humain. Un maquilleur d’effets spéciaux dont le talent atteint son paroxysme lorsqu’il donne vie à ses effets. Je le revois encore regarder le retour au combo et commenter la crédibilité de ses oeuvres. Il n’y a aucun doute cela fonctionne comme une mine à fragmentation sur le pied d’un pauvre enfant quelque part au Cambodge : Horrible !

Merci aussi à la maquilleuse Ysabelle Thomas pour sa gentillesse, son dévouement et bien entendu son talent. Merci aussi de t’être occupée de Gabrielle.

Merci à Jean Michel Martinetti l’ingé son. Merci pour sa bonne humeur. J’espere qu’il n’a pas trop eu mal aux oreilles ;).

Un petit mot sur mes paramédics : ma script girl et ma 1er assistante réalisation. Soit Fanny Ottavy et Emilie Orsatelli. Deux filles extras capables de supporter mes doutes à répétition et de les effacer. Mais quel talent. Quelle force. Je le savais déjà,  mais une fille est beaucoup plus forte qu’un mec mentalement. Merci d’avoir été là.

Un petit mot aussi pour les oubliés d’un tournage mais ô combien essentiels : Les personnes à la régie chargées d’assurer le confort des troupes. Un boulot de titan a été nécessaire pour faire en sorte que tout le monde se sente à l’aise. Il le fallait. Un grand merci donc à Tatiania Aoun et Paul Philippe Casanova !

Je ne peux évidemment pas oublier les comédiens. Jo Prestia (Le Ténia dans Irréversible, Calvaire, Femme Fatale…), dont l’entrée sur le plateau la veille du tournage m’a littéralement intimidé. Un regard d’acier. Le regard du grand boxeur qu’il a été. C’était comme si il était monté sur un ring. Défiant chaque personne. Il s’agit là de lui tenir le regard du mieux qu’on peut. C’est ce qu’il veut. Un adversaire à la mesure de son talent. Par la suite… on apprendra à voir en lui une remarquable gentillesse et tendresse. Merci Jo quand tu veux pour un deuxième match.

Didier Nobletz (Dikkenek, 13 Tzameti, MR-73)… grand monsieur aussi. Quel talent d’acteur. Ce mec peut tout vous jouer sans même bouger son corps d’un millimètre. Il est un acteur né. L’essayer c’est l’adopter. Il est un mélange subtil de timidité et de froideur. Une très belle rencontre et très impressionné par son incroyable talent. Open bar pour toi Didier.

Pierre Salasca (L’Enquête Corse). Ce type est un fou. Ce type a l’énergie ravageuse d’un enfant détruisant tout sur son passage… mais avec quel talent ! Il a été l’une de mes soupapes de sécurité. Toujours le mot pour rire quand il faut. Il sait aussi rester très pro. Son dévouement rejoint le sacrifice. Il faut le voir se prendre plusieurs fois de suite des seaux de terre jetés avec force en pleine gueule. Jamais il n’a bronché. Jamais il ne s’est plaint. Je serai même tenté de dire qu’il a aimé ça. Il s’en retrouvera marqué tel un blessé de guerre. Merci à toi Pierre. Pace & Salute !

Pour finir j’aimerais remercier voire ovationner Gabrielle Veislinger, sans qui je ne serai pas là. Elle est mon arme secrète. Quasi mystique. Elle est la plus courageuse. Elle qui m’a suivi depuis mon 1er court métrage étudiant Fantasmagoria. Elle m’a toujours soutenu. Ses petits gestes tendres durant la bataille ont été pour moi les plus grands secours sur tous les instants. Elle est la plus forte d’entre nous tous. C’est avec les larmes aux yeux que je l’ai vue enchaîner les prises. Elle était en première ligne avec moi et elle m’a protégé. Elle m’a couvert. Elle a porté ce film en son ventre du début à la fin. Elle est un exemple. Elle a fait preuve de vaillance durant cette guerre. En souffrance et tellement belle, mais jamais elle ne s’est plainte. Elle a subi et combattu la difficulté avec bravoure. Un mental d’acier allié à une passion sans limite pour son métier de comédienne. Son talent parle pour elle. Elle est ma muse. Elle est l’éternité nue devant le mortel que je suis. Elle est Alpha et Oméga.

Je suis si fier de toi GABRIELLE ! TU ES LE FILM !

Et maintenant que reste t’il ?

… un groundzéro dans ma tête.

Une bombe atomique vient d’exploser. Je suis sonné, seul au milieu de ce champ de bataille. Les deux genoux à terre et les images de cette aventure humaine défilent. Je me souviens de mes 7 ans lorsque je rêvais déjà de faire du cinéma. Je me souviens du petit que j’étais et de ses rêves. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai en partie réalisé mon rêve. Mais je dois me relever. Je sais que la bataille n’est pas terminée… Et c’est avec dans ma mémoire tous les talents que j’ai pu voir à l’oeuvre que je vais poursuivre cette guerre contre le réel, le coeur haut et le regard de missiles… ON a réussi !!

Thierry
Merci à mes parents.